vendredi 9 septembre 2011
Rien n'est moins évident dans ce monde que d'habiter, et pourtant.
sente habiter
Rien n'est moins évident dans ce monde
que d'habiter. Et pourtant, jamais nous n'avons été autant appelés
à habiter un monde. N'entendez pas par là occuper un terrain ou une
maison, ni même y cultiver, y ripailler, y faire l'amour. En tout
cas, n'entendez pas uniquement cela. Une terre, une maison, un
jardin, un repas, un amour, pour être peuplés demandent qu'une
intensité s'y installe et s'y développe. Une intensité susceptible
de brouiller toute distinction : habiter un monde à un degré tel
que ce monde nous habite. C'est de cette intensité dont notre époque
est orpheline. A nous de la reconquérir. A nous de rencontrer celles
et ceux avec qui nous habiterons cette maison, nous partagerons ce
repas, avec qui nous construirons un singulier usage des plantes et
des corps, avec qui nous aimerons.
Parir des liens qui sont là plutôt
que se lamenter de leur absence. Toute absence demande à être
extériorisée pour ne pas se muer en pathologie. S'approprier les
moyens de cet exorcisme, en préférant l'élaboration d'un art des
liens à la projection militante. (...)
extrait de ESQUIVE COMME LE PAPILLON PIQUE COMME LA GUÊPE
ed. Chemins et Ruines, Bruxelles 2009.
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